Les mots se dérobent dès que j’essais de leur donner une direction, une forme, un semblant de cohérence. Indomptables, ils filent de gauche à droite tel des balles de ping pong – gauche droite gauche droite gauche – entre mes oreilles.
On joue au chat et à la sourie.
Ils apparaissent dès que j’ai les mains occupées, disparaissent dès que je déballe tablette et clavier.
Il y a toujours espoir qu’un jours, la connection se fasse entre mon cerveau et mes doigts, entre les mots et mon clavier, que la météo, la lune, les astres et mon étât émotionnel soient en phase, que le timing soit parfait pour qu’Eureka!, tout ce que j’ai à dire sur la vie – mes fascinations, explorations, angoisses, interrogations, passions, questionnements, et tout ce qui fait la vie – tout ça jaillisse enfin de moi pour former des symboles que d’autres comprendront, chose qui, j’en ai déduit, devrait me permettre de me sentir unpeu moins isolée, unpeu plus connectée, comprise, vue, et dans mes rêves les plus fous, reconnue.
Ou encore mieux, complète.
Exprimée. Émancipée.
En paix.
Ou presque.
Tout les mots, tout ce que j’ai à dire, écris et partagé au reste du monde.
Un grand mouvement, l’ouverture des vannes.
Que tout sorte.
Un torrent libérateur.
Des miliards de mots qui n’auront enfin plus leur place entre mes deux oreilles. Qu’ils sortent en créant un effet vacuum que l’univers s’occupera d’emplir de nouvelles idées, d’un nouveau regard sur la vie, d’une vision plus large du cosmos, de nouveaux idéaux, moins d’exigences, de nouvelles perspectives.
Que tout les mots sortent de ma tête une fois pour toute.
Que ma vérité jaillisse hyper-limpidement et qu’elle touche des coeurs, des âmes, des humains qui ont encore la capacité de ressentir, de s’émouvoir, de se laisser toucher par la vie, qui sont encores capables de pleurer, et qui n’ont pas peur de le faire.
L’humanité, crue. La mienne.
Et quoi encore.