Musique Locale : Spectrum + Rap Maudit

Le Spectrum ferme, enfin, se fera démolir ce qui revient pas mal au même. On mettera à sa place une tour à bureau et oh blasphème, un magasin Best Buy. Bien que le Spectrum n’a rien de comparable au CBGB (décédé l’automne dernier), c’est quand même une institution qui s’éteint. Étrangement, malgré que j’apprécie quand même l’endroit, je ne suis pas vraiement surpris, nis trop outré. M’enfin. Une pétition, bien sur contre, circule présentement. L’avez-vous signé? Je suis septique et me demande si ça change ‚Äòvraiment‚Äô quelque chose. Oh well… je signe quand même, bien évidemment.
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M-C en en déjà parlé aussi.

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Rhythm And Poetry. √áa te dit quelque chose? Moi, j’y suis plutôt néophyte, c’est cependant une autre game que le bling bling et le pow pow té mort que nous présente le rap mainstream. Une bonne soirée, à laquelle j’avais déjà assistée, il y a de cela quelques années dans un centre d’art pour taggueurs/graffiteurs/whatever, renaît. Le Rap Maudit sort de sa tombe, sous la tutelle de son créateur Khyro (RIP – Atach Tatuq) et de son complice Séba (RIP ‚Äì Ghislain Poirier, ben non Ghis n’est pas mort), pour hanter le Quai des Brumes tout les derniers mardis du mois à partir de février. Pour les célébrations funestes, pleins de MC invités, deux musiciens pour les accompagné; Jean-Sébastien Nicol (RIP – Métatuque) à la batterie et Éric Gingras (RIP ‚Äì Fly Pan Am) à la contrebasse. Du texte, ou tu meurs! Question de bien nous tuer, on commence ça, tout sauf les mardis fatals.

Elektrik Erik : De quel cimetière sortez-vous?
Khyro : Celui des rappeurs laissés pour compte. Ceux que le mouvement mainstream occulte par un écran d’illusions composé de gros char, de filles à moitié nue, de chaines en or, de fausses dents, de gangsters et d’homoérotisme…
Séba : J’aime faire que ça reste lettre morte…

Elektrik Erik : Pourquoi à ton enterré les soirées Rap Maudit six pied sous-terre et qu’est ce qui vous a fait prendre votre pelle pour les déterrées?

Khyro : Le déménagement de la galerie SubV du Centre-ville à NDG a refroidi mes ardeurs.
Séba : Je crois que c’est juste un mauvais concours de circonstance. L’éloignement allié à un local plus petit ont signé l’arrêt de mort des Rap Maudit. Pourtant, ceux-ci commençaient à mieux se structurer. Ils avaient même pour projet le lancement éventuel d’un DVD présentant quelques-unes des meilleures prestations qui avaient déjà eu lieues à la galerie et planchaient sur une demande de subvention. Ce sont donc des circonstances externes qui ont enterré vivant l’événement.
Khyro : Mais la recrudescence du slam et des rappeurs à textes semble être une bonne conjoncture pour un renouveau de l’évènement. En plus, c’est Seba qui m’a convaincu…

Elektrik Erik : À quoi peut ressembler une autopsie de l’événement?
Khyro : Beaucoup de mots décharnés, des émotions sclérosées qui ne demandent qu’à être exprimées.
Séba : Il s’agit de faire connaître au public de nouvelles voix principalement. Il y a tant de jeunes emcees qui ont du talent, mais qui ne bénéficient pas de structure propices afin de se faire reconnaître. Si leurs textes sont bien fignolés, par contre les beats qui les accompagnent entravent souvent la crédibilité des leurs démarches. Tous ne peuvent pas compter sur un Ghislain Poirier afin d’enrober correctement leurs propos d’un beat qui tue. Tiens ! La mort encore… Rap maudit fourni instantanément à ceux-ci une musique et une chance de se faire voir et entendre par leurs paires. Jeance et Éric improvisent sur leurs instruments respectifs une groove et un beat. Mais c’est le emcee qui reste le maître absolu par contre. Il peut imposer le BPM (Beat par minute) aux musiçiens, siffler la ligne de basse de son choix, commencer à rapper seul et laisser le band broder lentement par dessus ou se passer carrément d’eux et livrer sa performance en accapella. La seule obligation que moi et Khyro leur demandons en revanche c’est d’être intelligent, poser, subtil et de nous étonner par une démarche originale qui sort des sentiers battus. Le texte ici est roi. Il s’agit davantage d’une soirée de poésie rappée bien orchestrée, sans faire de mauvais jeux, que d’une soirée de hip hop traditionelle. Nous tentons de redonner aux texte hip hop ses lettres de noblesse. D’ailleurs, le fait que les instruments soient une contrebasse et une batterie dépouillée que Jeance joue qu’avec des ballets n’est pas étranger à l’idée. Nous voulons enfin entendre convenablement ce que le emcee dit. Trop souvent, la musique prend le dessus et ont entend plus rien. Fort heureusement parfois car les propos tombent souvent à plat séparés de la musique. Disons que l’on pourrait appeler les soirées Bounce pas le gros, assis-toé pis écoute. AH!AH!AH!

Elektrik Erik : Un parallèle est-il à faire avec l’art, recrudescent, de faire des morts (iPod Battle et autres) et quel est votre rôle d’animateur?
Khyro : Faire des morts est typiquement hip-hop selon moi. C’est là que sont sortis toute l’idée des battles, mais qu’on se le tienne pour dit, Rap Maudit n’est pas un battle ni une compétition, c’est un lieu de recontre et d’échange.
Séba : Ce n’est pas un concours de popularité comme les iPod Battle et ce n’est pas régis par des règles comme les soirées de Slam. L’idée de battle si chère au hip hop a étée évacuée également. Tout open mic est proscrit aussi. Si un emcee veut participer, il devra faire ses preuves soit en nous rappant ça seul à seul ou soit en nous faisant parvenir ses trucs par courriers, site internet, etc…
Khyro : Pour ce qui est du rôle, il s’agit de faire enchaîner les artistes, de faire des liens entre les différentes performances.
Séba : Nous sommes là afin de présenter les emcees. Ceux-ci se relayent un après l’autre. On est pas là pour se mettre en vedette. N’empêche que Khyro et moi allons en pousser une quelques fois au cours de la soirée. L’occasion est trop belle pour les deux emcees que nous sommes pour se gêner !!! Afin de pas prendre de place nous allons seulement ouvrir le bal et le fermer avant qu’un DJ prenne le relais pour faire bouncer le public jusqu’aux petites heures.

Elektrik Erik : Ce qui vous fait vibrer, personnellement, de la musique/scène locale?
Khyro : L’intérêt qu’on les groupes à sortir des sentiers battus pour explorer des
horizons plus expérimentaux. On dirait que ça se généralise…
Séba : Le fait que qu’il est désormais possible de nous organiser nous-mêmes plus facilement. Pleins de salles offrent des shows de qualités pour pas cher un peu partout en ville. Grâce à MySpace, nous faisons tous partis d’une nouvelle communauté et les événements sont plus facilement publicisés. Et surtout le fait que l’amitié dépasse souvent le fait de l’être sur MySpace. Je suis devenue ami pour vrai avec des gens rencontrés sur ça. Nous ne sommes plus isolés maintenant en tant qu’artiste. Nous pouvons develloper des liens directs et quotidiens avec les fans et les journalistes à la fois. J’ai raté souvent l’occasion de faire des shows dans ma vie parce que je n’étais pas rejoignable. Grâce à Myspace je n’ai plus à m’inquiéter.

Votre question : Questionnez vous, vous-même sur whatever the fuck you want?
Khyro : J’ai peur de ne pas être libre…
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Lundi 29 janvier, Le Cheval Blanc, 21h30, 0$ (showcase)
Jeudi 01 février, Quai des Brumes, 21h00, 5$ (lancement)
Les derniers mardis du mois, à partir du 27 février, Quai des Brumes, 21h00, 5$

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