Le siècle des Multis

J’ai fantasmé sur les studio d’artiste depuis des années. Un espace juste pour le dessin, la peinture, les couleurs toutes mélangées, bouts de papiers, livres, barbos, découpures, salissures – l’ambiance et le désordre créés par les artistes que j’admire. Je les admires pour ce qu’ils sont, par ce qu’ils sont, parce qu’ils s’assument.

Aujourd’hui j’ai décidé de m’assumer. Depuis maintenant une heure, je suis officiellement une artiste.

J’ai maintenant LA table. Laquelle sur qui régnera le désordre, les papiers empilés, les idées gribouillées, laquelle sur qui prendront vie les personnages qui sont dans ma tête, disparaîtrons les pages blanches, brillerons les couleurs.

Pas question d’y faire le ménage, elle sera la reine. Reine du désordre.

*

Le siècle des Multi.

On m’a dit que je suis multi.

J’y pense.

Je suis quoi si je ne suis pas capable de m’identifier clairement à un titre? Dire en un simple mot ce que je suis, ce que je fait – tout le monde le fait.

On m’a dit que je suis une multi. Moi je cherche les autres, multi.

Les multi sont polyvalents. Les multi sont guidés par leur curiosité et se fourrent le nez partout où il semble y avoir du fun. Vous aimez pas les multi? tant pis pour vous, cé vous qui allez manquer dequoi.

Je suis multi, pas parce que ca me flatte l’égo, car en fait j’ai l’égo d’un personnage hyper timide. Je suis multi parce que je dessine, peint, design, parle, écrit. Je suis multi parce que je refuse de me confiner au 9 à 5, multi comme dans multi tâches. Multi comme dans multiplier les compétences, multi comme dans multiplier les connaissances.

Je suis multi dans un monde qui aime que tous suivent le même chemin et un ordre bien établis. Dans un monde de zéro je serais le un, dans une botte de foin je serais l’aiguille.

Je suis multi dans un monde où tout devrais être parfait, dans un monde où les amateurs, le plaisir et l’erreur ont peu de place.

Je suis multi dans un monde où faire ce que l’on aime est souvent mal vu, où changer d’idée c’est comme pire que ne pas en avoir.

Je lève mon verre à tout les multi de ce monde, et déclare ce siècle, le siècle des multi.

(Oui, le titre et les mots qui viennent avec sont inspirés de l’article dont j’ai parlé hier).